Condamné pour avoir trop parlé mais pas pour avoir prescrit de l’hydroxychloroquine. La Chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine vient de faire connaître à l’AFP les motivations qui l’ont conduite, vendredi dernier, à infliger un blâme au Pr Raoult. Elle le reconnaît coupable d’avoir communiqué « des informations qui ne s’appuyaient sur aucune donnée confirmée » en promouvant l’hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19 mais n’a pas retenu en revanche les accusations de « charlatanisme » et de prises de « risque injustifié » pour avoir prescrit ce traitement malgré son absence d’effet prouvé.
« Le professeur Raoult a, au travers de différents médias et notamment sa propre chaîne au sein du média Youtube (qui cumule des millions de vues, ndlr), donné des informations qui ne s’appuyaient sur aucune donnée confirmée, sans faire preuve de la prudence nécessaire alors qu’ont existé très rapidement de profondes incertitudes sur les traitements appropriés au Covid-19 », a détaillé l’instance basée à Bordeaux, où l’audience avait été dépaysée loin de Marseille. La chambre considère ainsi que le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille a enfreint l’article 12 du code de déontologie, qui oblige les médecins à communiquer avec « prudence » auprès du grand public et sur la base de « données » scientifiques « confirmées ».
On se souvient notamment de la vidéo intitulée « Fin de partie » (puis rebaptisée « Vers une sortie de crise ») en date du 25 février 2020. « C’est probablement l’infection respiratoire la plus facile à traiter de tous les temps, avançait Didier Raoult à l’époque évoquant des essais in vitro chinois. Faites attention, il n’y aura bientôt plus de chloroquine dans les pharmacies ». La chambre retient également que Didier Raoult a « divulgué dans les milieux médicaux un procédé nouveau de traitement insuffisamment éprouvé » sans les « réserves qui s’imposaient. »
Didier Raoult a aussi manqué à son devoir de « bonne confraternité» en s’exprimant «de manière peu correcte, discourtoise, voire agressive» à l’encontre d’autres médecins, ajoute la chambre, dont le blâme infligé, est susceptible d’appel.
En revanche, l’instance n’a pas retenu les accusations de « charlatanisme » et jugé que le « Pr Raoult n’a fait courir à ses patients aucun risque injustifié en prescrivant l’hydroxychloroquine aux doses habituellement préconisées. »