Derrière la vitre d’une épaisseur et d’une étanchéité à toute épreuve, un homme et une femme couverts de la tête aux pieds d’une combinaison blanche, alimentée en oxygène par une conduite extérieure. Avec des gestes chirurgicaux, les deux scientifiquesmanipulent pipettes et boîtes de Petri, rondes et transparentes. Leurs regards, visibles à travers le Plexiglas de leurs heaumes, sont concentrés. Objet de leur étude : le virus de Marburg, qui dispute à Ebola le titre de pathogène le plus dangereux de la planète, ces virus déclenchant des fièvres hémorragiques, tuant jusqu’à une personne contaminée sur deux.
La scène est ordinaire au sein du laboratoire dit P4 (pathogènes de classe 4) de la paisible bourgade de Spiez, au centre de la Suisse, à quelque 45 kilomètres de Berne, en lisière d’un lac alpin aux eaux turquoise sur les rives duquel des touristes s’ébrouent dans l’été indien. Ceux-ci ignorent que dans le quadrilatère de bâtiments en béton brut des années 1970, protégé par des barbelés et par des soldats de l’armée helvétique, se joue une partie de la riposte globale à la pandémie de Covid-19.