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Les morts du Covid-19 seraient pour certains «de toute façon» décédés d’une autre cause, selon une étude

La nouvelle ne changera rien à la peine des familles, mais se veut éclairante d’un point de vue démographique. Au cours de l’année 2020, quelque 68 000 personnes sont mortes du Covid-19 en France, mais le nombre de décès total n’a augmenté « que » de 55 000. En fait, une partie des morts du Covid « seraient de toute façon » décédés d’une autre cause, analyse une étude démographique publiée ce mercredi.

Sur les 55 000 décès supplémentaires, toutes causes confondues, constatés par les services d’état-civil en 2020 (par rapport à 2019), 13 000 sont statistiquement imputables au vieillissement de la population, observé « chaque année en l’absence de gain d’espérance de vie ». Cela entraîne mécaniquement une hausse annuelle du nombre de décès, indépendamment de tout contexte épidémique.

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« Restent donc 42 000 décès supplémentaires en 2020, liés à la pandémie de Covid-19 », observent les auteurs de cette étude, Gilles Pison et France Meslé, de l’Institut national d’études démographiques (Ined). Or, Santé Publique France a comptabilisé environ 65 000 victimes du virus en 2020. Les auteurs de l’étude préfèrent toutefois réestimer ce bilan à « un peu plus de 68 000 » en comptant les morts à domicile, soit « environ 5 % des décès, si l’on s’aligne sur les taux observés à l’étranger ».

Moins de grippe et d’accidents de la route

Les deux démographes avancent plusieurs explications à cette différence entre les 68 000 morts du virus et les 42 000 décès supplémentaires constatés, une fois défalqués les 13 000 décès dus au vieillissement de la population. D’une part, la grippe saisonnière a été beaucoup moins meurtrière début 2020 que début 2019, et les accidents de la route ont également fait nettement moins de victimes, conséquence des restrictions de circulation pendant les périodes de confinement.

D’autre part, « d’autres causes de décès ont aussi probablement reculé comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et l’insuffisance respiratoire chronique », observent les auteurs. « Une partie des personnes fragiles souffrant de ces maladies sont en effet mortes de Covid-19 », alors que, sans la pandémie, « elles seraient de toute façon décédées en 2020 » de l’une de ces pathologies.