Un organisme chargé de l’étude des conditions de travail dans l’Union européenne révèle l’ampleur du choc provoqué par la pandémie et l’apparition massive du télétravail. Il constate aussi de grandes différences avec la crise financière de 2008.
«Il y avait 5,7 millions de personnes de moins en emploi dans l’Union européenne (UE) au printemps 2020 qu’à la fin de 2019», affirme dans son dernier rapport la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound). Mais, comme le montrent les graphiques présentés dans l’étude, la baisse a commencé à partir d’un pic de 201 millions d’emplois atteint en décembre 2019, pour retomber à environ 195 millions six mois plus tard, soit le même niveau d’emploi qu’au premier trimestre 2018.
implications pour l’emploi et les conditions de travail cette étude vise à évaluer l’impact initial de la crise du COVID-19 sur l’emploi en Europe de juillet 2019 à juillet 2020. L’étude montre notamment que la part des travailleurs en situation d’emploi mais ne travaillant pas (soit dans la majeure partie des cas, l’équivalent de personnes en chômage partiel indemnisé) a plus que doublé pour atteindre une moyenne de 17%, qui masque une fois encore d’importantes différences entre Etats membres.
L’étude constate aussi l’envolée spectaculaire du travail et explique : «En juillet 2020, près de 50% des salariés de l’UE étaient passés au télétravail exclusif ou partiel, créant une nouvelle inégalité sur le marché du travail, car les plus instruits et ceux des zones urbaines étaient mieux placés pour travailler à domicile.» Mais sur ce critère aussi les disparités européennes demeurent importantes. Le taux de télétravail chez les employés a, par exemple, atteint 59% en Finlande contre 18% en Roumanie.
Le précaires et les jeunes plus particulièrement touchés
L’étude révèle aussi que les effets de la pandémie sur l’emploi ont particulièrement touché les travailleurs aux conditions d’emploi précaires. Le nombre de contrats à durée déterminée dans l’UE à 27 a diminué de 17% entre le printemps 2019 et le printemps 2020, ce qui représente plus des trois quarts de la baisse de l’emploi global dans l’UE.
L’étude compare aussi les effets sociaux de la crise causée par la pandémie avec ceux de la crise financière de 2008. Alors que cette dernière avait frappé en particulier les secteurs de la fabrication et de la construction à prédominance masculine, la pandémie du COVID-19 a principalement touché les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, des voyages et du tourisme, des arts et des divertissements, dominés par les femmes.
En outre, la crise de 2008-2010 a eu le plus d’impact sur les employés percevant des rémunérations situées au milieu de l’échelle des salaires alors que la crise provoquée par le COVID-19 a principalement touché les travailleurs les moins bien payés.
Enfin, la fondation s’alarme tout particulièrement de la situation des moins de 25 ans qui ont connu le plus fort impact sur leurs perspectives d’emploi comme sur leur niveau de vie et plaide : «La nécessité d’éviter une autre « génération perdue » de jeunes doit être une priorité pour les décideurs politiques lors de la conception de politiques actives du marché du travail afin d’atténuer les retombées de la crise.»
Malgré tout, les auteurs trouvent quelques raisons d’espérer, en particulier relativement à l’impact sur le marché de l’emploi de la pandémie comparé à celui de la crise financière de 2008 et estiment que «malgré les impacts plus larges de la pandémie sur les conditions de vie et de travail et sur les différents secteurs de l’économie, ces taux [de chômage] restent inférieurs aux pics enregistrés pendant la période crise […] de 2008-2010».