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Première mondiale : les fabricants de vaccins dévoileront leurs contrats au Canada

La lecture de cet article canadien est juste folle et donne le vertige. Alors que des élus demandent à avoir accès aux contrats signés avec Big Pharma lors de l’achat des injections anti Covid-19, ce qui semble tout à fait normal étant donné les sommes faramineuses qui ont été dépensées, les responsables des laboratoires annoncent que la divulgation du contenu des contrats aura un « impact sur la réputation du Canada » !!! Comment est-ce possible ? Tout ceci ressemble à du chantage. Il est tout de même question de contrats à 5 milliards de dollars que personne ne peut lire en totalité ! C’est véritablement une première dans l’histoire du business dans le monde entier. Comme de coutume, les élus ont reçu des lettres douteuses avec pour menace le fait que l’industrie quitte le pays !

Le chantage est simple, selon Big Pharma, la divulgation de ces contrats aura des conséquences désastreuses sur la réputation du Canada mais également sur l’industrie pharmaceutique ! Très curieux argument car il nous semblait que cette industrie avait sauvé le monde du désastre et qu’il fallait que nous soyons tous très reconnaissants ! En réalité, ils savent parfaitement que ces contrats ne tiennent pas la route, qu’ils sont déséquilibrés, que les doses vendues sont trop nombreuses, trop chères et que l’industrie ne prend absolument aucun risque. Concernant les effets indésirables, l’industrie a bien entendu obtenu l’immunité pénale.



Pour la première fois à travers le monde, des parlementaires canadiens ont obtenu l’accès aux contrats non caviardés que les fabricants de vaccins contre la COVID-19 ont signé avec le gouvernement.

Les compagnies pharmaceutiques mettent en garde le Canada de l’impact sur sa réputation.

La décision, passée inaperçue, a été entérinée jeudi soir, lors du comité parlementaire des comptes publics, à Ottawa. Les députés de l’opposition, majoritaires, ont voté pour la divulgation, au nez et à la barbe des dirigeants des compagnies Pfizer, Moderna et Sanofi, venues témoigner pour les convaincre de renoncer à cette divulgation.

Aucune version non caviardée n’a été fournie à des parlements à travers le monde », »text »: »Aucune version non caviardée n’a été fournie à des parlements à traver le monde. Nous n’avons fait ça nulle part sur la planète » a renchéri la présidente de Pfizer Canada, Najah Sampson.


D’ici deux semaines, les 11 députés membres de la commission des comptes publics pourront prendre connaissance de tous les détails des contrats dans une salle à huis clos, surveillée par un greffier, sans possibilité d’enregistrer ou de prendre des notes.

Les parlementaires auront ainsi accès au prix par dose payé par Ottawa à chaque compagnie, mais aussi à toutes les clauses éventuelles auxquelles s’est soumis le gouvernement fédéral.

Au total, le Canada a acheté 169 millions de doses pour un coût d’environ cinq milliards de dollars (Nouvelle fenêtre). Depuis décembre 2020, plus de 97 millions de doses ont été administrées à la population du pays, du jamais vu dans l’histoire canadienne.

 On va voir si on a payé des prix exorbitants, dit la députée à l’origine de la motion, la bloquiste Nathalie Sinclair-Desgagné, en entrevue avec Radio-Canada.

Elle souhaite analyser les clauses de responsabilités, les quantités minimales d’achats, les échéances de livraison et les éventuelles clauses de non-revente ou don.

« Nous voulons simplement nous assurer qu’il n’y a pas eu d’abus et d’erreurs de part et d’autre. Et s’il y a eu des erreurs, que nous puissions apprendre de nos erreurs pour ne pas les refaire dans le futur, s’il y a une autre pandémie. »— Une citation de  Nathalie Sinclair-Desgagné, députée du Bloc québécois de Terrebonne


Un « grave précédent » qui aura des conséquences, préviennent les fabricants

Les dirigeants des compagnies pharmaceutiques ont, tour à tour, expliqué aux parlementaires que leur vote risque de nuire à leur industrie qui investit des milliards de dollars chaque année.

Selon la présidente de Pfizer Canada, cette décision va créer un précédent avec des conséquences inattendues sur la réputation du Canada et ça envoieun message inquiétant à toutes les industries sur comment ce pays respecte ses obligations commerciales.

« Ces contrats contiennent des informations sensibles commercialement qui sont susceptibles d’intéresser nos compétiteurs et un préjudice dans nos discussions avec d’autres partenaires. »— Une citation de  Najah Sampson, présidente de Pfizer Canada.


La PDG de Moderna a évoqué des « risques élevés » : la confiance en la sécurité de l’information sur nos contrats et notre chaîne d’approvisionnement est directement liée au fonctionnement mondial de notre organisation.

Le directeur général de Sanofi Canada, Jean-Pierre Baylet a parlé d’un « grave précédent ».

« La divulgation des informations de ce contrat pourrait nous mettre dans une situation difficile. La pandémie continue, il y a d’autres négociations en cours dans d’autres pays. »— Une citation de  Jean-Pierre Baylet, directeur général de Sanofi Canada


Les députés tentent de rassurer les compagnies

 Vous n’êtes pas en terrain hostile, a prévenu d’emblée la députée du Bloc Nathalie Sinclair-Desgagné.   « Nous sommes reconnaissants envers votre travail durant la pandémie. Vous avez fait quelque chose d’exceptionnel. 

Selon elle, les compagnies « exagèrent » les conséquences potentielles de ces dévoilements. Ça ne créerait pas de dangereux précédent.

Le député conservateur Kelly McCauley a rappelé aux dirigeants qu’il y a eu des fuites de tels contrats dans les médias de plusieurs pays, et il n’y a pas eu de conséquences graves.

Des pressions exercées sur les parlementaires

Plusieurs membres du comité des comptes publics se sont plaints d’avoir reçu des lettres de différentes chambres de commerce et compagnies pharmaceutiques à travers le pays pour tenter de les convaincre de voter contre la motion.

Toutes les lettres nous menaçaient à mots couverts, a dit Kelly McCauley. Elles laissaient entendre que vos investissements pourraient quitter le pays. 

La vérificatrice générale du Canada a déjà analysé les contrats et fait une enquête, mais les députés ont rappelé qu’elle n’avait pas pu répondre à leurs questions sur le contenu de ces contrats, en raison de la confidentialité des informations commerciales, à laquelle elle est soumise.

Le rapport de la vérificatrice concluait notamment qu’au moins 50 millions de doses avaient été achetées en trop, soit une valeur d’environ 1,5 milliard de dollars.

Un député conservateur a rappelé au dirigeant de Medicago, qui participait au comité par visioconférence, que sa compagnie a reçu 173 millions de dollars d’aide publique au Canada sans avoir livré une seule dose.

Mais que pourraient donc faire les parlementaires des informations d’intérêt public qu’ils trouveraient dans les contrats s’ils sont soumis à une stricte confidentialité ? S’il y a quelque chose de scandaleux dans ces contrats, ça va finir par se savoir, a répondu Nathalie Sinclair-Desgagné à Radio-Canada.


Photo d’illustration : De gauche à droite, le directeur général de Sanofi Canada Jean-Pierre Baylet, la présidente de Pfizer Canada, Najah Sampson, et la PDG de Moderna Canada, Patricia Gauthier. PHOTO : RADIO-CANADA