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Soignants : «S’ils m’obligent à me faire vacciner, je démissionne»

A l’hôpital Bichat, à Paris, les propos d’Olivier Véran, qui envisage d’obliger les soignants à se faire vacciner, divisent le personnel. Certains estiment l’option envisageable mais d’autres s’agacent d’être montrés du doigt par l’exécutif.«Obliger, c’est un mot un peu rude», souffle Quentin S., étudiant en cinquième année de médecine.

Ce vendredi matin, devant l’hôpital Bichat, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, les injonctions de l’exécutif – qui appelle les soignants à se faire massivement vacciner et envisage même de rendre le geste obligatoire – fracturent la communauté hospitalière. L’étudiant reprend : «Avant d’obliger, il faudrait au moins laisser encore un mois pour voir s’il n’y a pas une augmentation des vaccinés chez nous.» Au rez-de-chaussée, Isabelle (1) prend sa pause. Infirmière à Bichat depuis une vingtaine d’années, «longtemps réfractaire», elle a reçu sa première dose d’AstraZeneca, mardi. Alors pourquoi alors avoir accepté la piqûre ? Parce qu’elle en a «assez d’entendre que les personnels soignants sont des vecteurs» de transmission. «Je ne veux plus être stigmatisée, ni qu’on me dise que je suis responsable de contaminations de patients, insiste Isabelle. On se sent vraiment pointés du doigt.»

Vu l’ampleur de la pandémie, l’infirmière aguerrie comprend que le «gouvernement informe et aille dans le sens de la vaccination», mais forcer ses collègues à faire de même n’est pas la bonne démarche à ses yeux : «Ce n’est pas parce qu’on est soignant qu’on doit le faire. Avant d’être soignant, on est humain. On a chacun nos peurs, chacun a besoin de réfléchir. Il y a toujours dans le mental l’idée qu’on va nous injecter de la maladie dans les cellules. Tout le monde ne perçoit pas cela de la même façon.»

«Un souci de liberté»

Entre deux cigarettes, elle liste les différents profils au sein de la communauté médicale : «Il y a des complotistes, des réfractaires, d’autres qui souhaitent s’immuniser naturellement… Le panel de la société se retrouve aussi dans l’hôpital. On peut donc trouver injuste qu’à un moment donné on nous y oblige.» Le cas échéant, cela poserait «un souci de liberté, un problème éthique, parce qu’on est aussi des citoyens».

Nawal et Sabah, toutes deux aides-soignantes, âgées de 21 et 34 ans, partagent cet avis. Pour la première, fraîchement débarquée à Bichat depuis un mois, la vaccination n’est pas une option. «Je ne veux absolument pas être vaccinée. S’ils m’obligent, je démissionne. Je change de milieu. Je ne vais pas m’obliger à m’injecter quelque chose pour continuer à travailler. Il y a plein d’autres boulots», fulmine-t-elle.

Aide-soignante depuis 2013 venue à Bichat «en renfort Covid» courant novembre, Sarah renchérit : «Je pense que beaucoup de monde ici fera pareil. La majorité des personnes à qui j’en ai parlé ne veulent pas le faire.» Elle rejette l’argument selon lequel les soignants sont plus exposés au virus : «On a le matériel, on a tout ce qu’il faut, on fait attention

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